Le château de Tholet, petit joyaux de l'histoire

Château inscrit au titre des monuments historiques le 9 juillet 1946

Son existence est attestée en 1075. Depuis le XIe siècle c’était une famille de Ricard qui tenait le lieu : en 1075 un certain Guy de Ricard fait une donation à Conques.

Sa construction est complétée à partir du XIIe siècle. Le château a appartenu à la famille de Solages (probablement originaire de Soulages-Bonneval), et entre autres à Guillaume de Solages (1350 (?)-1418), qui en a été un des personnages marquants, combattant les Anglais et conseillant le connétable d'Armagnac durant la guerre de Cent Ans.

Le château de Tholet

XVe et au XVIe siècle, les barons de Tholet, successivement François de Solages I, II et III, furent des personnages importants du Rouergue, et portèrent le titre de sénéchal du comté de Rodez. 
En 1626, sur ordre royal et à l’instigation du Cardinal de Richelieu, de nombreuses fortifications du nord du Rouergue devaient être détruites. Le chef de corps, Antoine de Grolée Montbreton, épousa l’héritière de la baronnie de Tholet, Marguerite de Solages, plutôt que de détruire le château. César de Grolée Viriville, un de leurs douze enfants, est né au château de Tholet. Il le vendit en 1686, au profit des transformations de son château de la Baume situé sur le plateau voisin de l’Aubrac. Le château a été totalement pillé en 1665, dans le cadre d’un règlement de comptes familial. La ruine d’une partie du logis Renaissance date probablement de cet événement. La Seigneurie de Tholet fut vendue peu après (1669). A cette occasion, la famille de Solages offrit les terres du Puech de Tholet à la paroisse, renommée par celle-ci « le calvaire », après qu’elle y ait édifié la chapelle et les oratoires qui y conduisent.

Marc-Antoine-François de Gaujal, avocat, conseiller à la Cour de cassation de Montpellier et historien réputé du Rouergue a été propriétaire du château de Tholet au XIXe siècle, par héritage de son père (Marc Antoine Dominique) qui l’avait acquis en 1768 mais qui fut confisqué de 1792 à 1796. En marge de ses ouvrages bien connus des spécialistes (Études Historiques sur le Rouergue en quatre volumes), il a rédigé un manuscrit inédit sur l’histoire de Tholet. Son petit-fils Ferdinand de Gaujal cède le domaine en 1886.

De 1886 à 2007, le château et ses terres ont été la propriété de la famille Souyri, agriculteurs, sur trois générations (Pierre, André, Marc-André). Depuis cette date, des travaux de restauration ont débuté.
Il dispose d'un riche fonds documentaire encore à étudier, éparpillé entre les archives départementales de l'Aveyron, les archives privées de la famille Solages (Tarn), celles du château de Labaume (Lozère) et celles de la Société des Arts & Lettres d'Aveyron (Rodez) notamment.

Le château de Tholet conserve au sud-est une tour carrée massive d'époque Renaissance (présence des armoiries des familles de Solages (1564) et de Montboissier), et un logis attenant de la même époque, mais fortement remanié au XVIIIe siècle : le plus beau vestige en est une tour d'escalier hexagonale ajourée de trois fenêtres à meneau aux motifs de cordages. La construction est en grès rouge et jaune.

Le village de Tholet

Au nord du logis, une tour seigneuriale carrée du XIVe siècle s’élève à 21 mètres, malgré la dépose du parapet et des mâchicoulis opérés volontairement dans la première partie du XXe siècle. La tour, haute de six niveaux plus un chemin de ronde, abrite au quatrième niveau une salle seigneuriale avec sa cheminée médiévale, ses fenêtres géminées et sa haute voûte en croisées d’ogives, à près de neuf mètres au-dessus du sol. L’étroit escalier à vis qui dessert le donjon sur toute sa hauteur est discrètement placé dans l’épaisseur des murs, qui atteint trois mètres à la base du bâtiment. Il est éclairé par des archères cruciformes (croix de Malte). Sur la façade nord de la tour, les deux anciennes latrines ont été arasées. Sur la façade sud, la porte d’entrée historique dans la tour se distingue nettement, à dix mètres au-dessus du sol environ, avec les restes d’un ancien pont-levis (culées, départ de la flèche). Cela en ferait l’entrée de tour la plus élevée d’Aveyron ! Les niveaux supérieurs (5 et 6) ont perdu leur plancher, mais demeurent accessibles. Les emplacements des placards, latrines, cheminées sont très lisibles.

L’ancien mur d’enceinte de forme presque rectangulaire est pratiquement complet (en 1385, Guillaume de Solages, commissaire du comte d’Armagnac fait creuser le fossé afin de se protéger des routiers et des Anglais) ; une petite fraction dispose encore de créneaux. Ce mur présentait plusieurs tours de défense (dont des tours poivrières) édifiées à intervalles réguliers, à l’angle nord-ouest, à l’ouest et aux extrémités sud-est et sud-ouest du périmètre. De la tour située au nord-est ne demeurent que les fondations visibles au sol de la grange agricole qui l’a remplacée vers 1780. L’ancien fossé demeure bien visible à l’ouest du château. Le fossé nord a en revanche été comblé.

L’accès actuel à la cour s’effectue en passant sous un petit porche pigeonnier du XVIIIème siècle venu remplacer l’entrée médiévale, lorsqu’un premier fermier installé à Tholet de 1748 à 1764 procéda à divers aménagements pour adapter le château à ses goûts et aux usages agricoles.

Depuis quelques années, sous l’impulsion de ses nouveaux propriétaires, ce magnifique édifice fait l’objet d’importants travaux de rénovation qui lui permettent de retrouver peu à peu sa splendeur d’antant…